Bonjour à tous ! Cette semaine, nous accueillons Yves et Cricri, les parents de Simon. L’occasion de les immerger dans la culture norvégienne et samie.
Hier, ils ont pu déjeuner dans le restaurant Viking dans lequel nous accueillons des groupes deux ou trois fois par semaine (essentiellement suisses et allemands, plus rarement anglais et australiens). Après avoir dégusté un mijoté de renne avec des légumes et une mousse de cloudberries (mûres des marais), ils ont pu écouter Trine, habillée en robe traditionnelle samie, conter quelques us et coutumes du peuple dont elle fait elle-même partie. On vous raconte.
La famille de Trine se dit norvégienne (puisqu’elle vit en Norvège), finnoise (Tor est originaire de la région du Finnmark, un comté qui s’étend de la Suède à la Russie, incluant la Finlande et la Norvège) et samie (les parents de Trine sont des sames).
Le terme lapon, utilisé touristiquement, est jugé extrêmement péjoratif puisqu’il signifie « porteurs de haillons » en suédois… De même pour La Laponie. Mieux vaut donc parler de culture same ou samie, notamment lorsqu’on visite la région 😉
On estime le nombre de Sames à une centaine de milliers d’individus répartis entre la Norvège (comprenant 60 à 70% d’individus), la Suède, la Finlande et la Russie. Il s’agit de l’un des plus grands groupes indigènes en Europe. Ce n’est pas un peuple ethnique mais un peuple parlant des langues d’origine finno-ougrienne (Nord de l’Europe). Autrefois nomade, il s’est sédentarisé lorsque les frontières entre les différents pays se sont dessinées.
En Suède, en Norvège et en Finlande, les Samis ont le droit de vote dans des Parlements sames, des organisations gouvernementales sont mises en place par les gouvernements des trois pays visant à faire remonter les revendications de la communauté. Les membres de ces gouvernements sont démocratiquement élus par des Sames. A ce jour, seule la Russie continue de refuser un droit particulier à ce peuple du Grand Nord.
Lorsqu’elles reçoivent des groupes, Trine, Sofie et Runa portent leur robe traditionnelle same appelée gákti (ou kofte en norvégien). Notez que les hommes portent plutôt des pantalons et hauts de cuir. Les robes sont généralement
réservées aux femmes.Sofie et Trine dans leur robe same respective.
Sofie s’apprête à faire son entrée dans le restaurant.
Runa attend son tour pour montrer sa jolie robe à l’assistance.
Trine porte une robe noire et bleue, version moderne du kofte. Sofie et Runa,
elles, préfèrent la version traditionnelle aux couleurs du drapeau sami : bleu pour le ciel et la mer, vert pour la forêt, jaune pour le soleil et la lune, rouge pour le feu. Chaque robe est unique et semblable à une autre en même temps. La forme est toujours la même mais les couleurs varient selon l’origine géographique de la personne qui la porte. Ainsi, une robe majoritairement bleue signifie que la personne vit proche de la mer. Si on peut trouver du vert dans le tissu, cela veut dire que des bois entourent la propriété de la famille… Aussi, le motif au dos de la robe est propre au lieu dans lequel vit la personne. Moyen simple de savoir d’où chacun vient (pratique notamment lors des mariages, enterrements, communions et fêtes de famille durant lesquels l’habit est toujours porté par les Sames aujourd’hui). La coutume veut qu’un foulard soit porté sur les épaules mais les Sames d’ici n’appliquent pas cette règle pour laisser le dos de leur robe apparent et préfèrent porter le voile sur leurs cheveux.
Dans des temps plus anciens, les plis au bas de la robe correspondaient au nombre de rennes que possédaient la famille…! Trine possède aussi une robe traditionnelle dont le tissu déplié mesure près de 10m de long ! Soit plusieurs dizaines de rennes que possédaient sa famille ! Certains grands éleveurs samis portent des robes dont le tissu mesure jusqu’à… 50m !! Mais ne vous avisez pas de demander à un Same combien de rennes il possède ! Ce serait comme demander à quelqu’un dans la rue combien d’argent il possède sur son compte en banque…!
Cette tradition n’existe plus aujourd’hui mais les familles sames aiment posséder de telles robes plissées pour honorer leurs aïeux. Peu de familles sames sont encore aujourd’hui éleveurs de rennes. Comme expliqué dans un précédent article, l’élevage est extrêmement réglementé. Seul un fils d’éleveur peut prétendre au titre. Ou bien il faut se marier à un éleveur de rennes pour avoir le droit d’en posséder. Un choix de vie.
L’accessoirisation de la robe est au moins aussi important que cette dernière. Ainsi, un homme offrira à sa femme un grand collier en argent lors de leur mariage puis un par enfant, créant ainsi une panoplie tant esthétique que religieuse. En effet, les cliquetis créés par les colliers lorsque la femme bouge sont supposés éloigner les mauvais esprits. Sofie fait une blague que nous aimons beaucoup ici : ma mère ne porte pas tous ses colliers lorsqu’elle porte son gákti, sinon elle ressemblerait à un arbre de Noël…! Rappelons que Trine est mariée et a eu quatre enfants…
Autre accessoire important : la ceinture. Vous remarquerez sur les photos que la ceinture de Trine possède des carrés en argent alors que celle de Sofie possède des ronds en argent. Motif simple pour montrer que Trine est mariée et que Sofie est célibataire (pratique lors des événements n’est-ce pas…?!).
La panoplie est complétée par des chaussures, en cuir de renne pour l’été et en laine de renne pour l’hiver. Ces dernières sont faites main et connues pour être les chaussures les plus chaudes qui puissent exister. Elles servent également de chaussures à ski… ils ont pensé à tout ces Samis ! Sans lacet, les chaussures sont serrées à la cheville à l’aide de grandes bandes de laine joliment décorées, qui empêchent de fait tout intrusion dans la chaussure.
La culture same a subi de nombreuses persécutions le siècle dernier. Sans terre, il était aisé de les chasser. Leurs croyances, leurs chamans et leurs chants ont longtemps été considérés comme diaboliques. Leurs édifices religieux, leurs tipis et leurs tambours ont été brûlés par milliers. La pratique de leur langue a été interdite à l’école comme à la maison après la seconde guerre mondiale. Trine n’a ainsi jamais appris le dialecte de ses parents et n’a pas pu de fait le transmettre à ses enfants. On retrouve la même histoire dans ma famille avec le breton…
La page wikipedia sur les Samis vous apportera d’autres informations intéressantes. Je vous recommande aussi le numéro spécial du magazine GEO sur La Laponie paru en février dernier. Et une nouvelle fois, le livre fiction d’Olivier Truc, Le dernier lapon, vous immergera dans cette culture que nous avons eu la chance de vivre de l’intérieur ces neuf dernières semaines.
Bon week-end à tous !
Coucou les loulous!
J’attends avec impatience les aventures d’Yves et Cricri chez les Samis!
Gros Bisous
Mathilde
J’aimeJ’aime